Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets de voyage
15 septembre 2006

JEUDI 23

Petit avantage de résider en plein centre, juste en face de l’hôtel de l’autre côté de l’avenue se trouve un coffee shop qui sert à toute heure petit déjeuner et plats cuisinés. Pour l’heure, il n’est que 9 heures du matin et pour Camille, Vincent et Christine se seront plutôt les donuts et autres pâtisseries américaines, au demeurant fort délicieuses, le tout arrosé de chocolat chaud et de café qui auront la préférence. Même Alexandre se laissera tenter par ce côté sucré.

Il nous reste quelque heures avant de rendre la voiture que nous allons utiliser pour aller vers le fameux Golden gate. Un peu un mythe. En fait pour traverser la baie de San Francisco, il y a deux ponts. Le plus ancien, le Golden Gate qui, à l’époque de sa construction, était le plus long du monde et le Bay bridge, réalisé il y a une dizaine d’années, plus moderne. Nous, c’est cette magnifique arche à l’envers qu’est le Golden Gate faite d’une incroyable structure rassemblant des milliers de kilomètres de filins d’acier et de quatre énormes piliers bien ancrés dans les profondeurs du sol qui nous intéresse. Certes tout cela est un peu schématique, mais pourquoi développer les aspects techniques quand on peut admirer la grâce, la légèreté et l’élégance de cette  volute suspendue au-dessus de l’océan. C’est vrai, il nous fascine un peu et  voir se profiler du côté San Francisco cette structure rouge d’acier et de béton sous un ciel chargé d’orage est admirable. Mais ce n’est pas suffisant. De l’autre côté, il y a sûrement un panorama avec quelque chose de supplémentaire. Et puis, nous pourrons ainsi admirer la ville dans sa presque totalité. San Francisco s’arrête en effet à l’entrée du pont. De l’autre côté, se trouve des collines vertes à la végétation rase. La ville se découvre devant nous, le ciel s’est dégagé et le soleil fait étinceler les buildings et les gratte-ciel. L’ensemble de la baie est sous nos yeux, le port où le trafic est intense, l’île d’Alcatraz  que domine sa si célèbre prison, plus loin le Gay bridge, passage obligé vers Berkeley et sa fameuse université mais aussi vers Silicon Valley. La vue est magnifique. Nous sommes à plus de 10.000 km de la maison, sur un des lieux le plus célèbre du monde. Cela paraît incroyable.

Pour retourner sur San Francisco, nous devons reprendre le Golden gate et il nous faut nous acquitter d’un péage que nous n’avons pas eu à l’aller. Trois dollars. Cela nous fait penser aux villes du moyen-âge où passer les portes d’entrée s’accompagnait toujours d’un droit de passage. De notre séjour ce sera le seul péage que rencontrerons.

Nous allons rendre la voiture avec qui nous avons parcouru un peu plus de 3500 km et qui, au fil des jours, était devenue un peu notre compagne de voyage. Adieu la buick. Bonjour les bus de San Francisco et son célèbre cable car, ces sortes de tramway qui parcourent du nord au sud et de l’est à l’ouest, les collines successives qui forment le paysage de la ville. Collines redoutables pour les mollets ainsi que nous allons vite nous en rendre compte. Se déplacer par le cable n’est vraiment pas un luxe d’autant que la chaleur, maintenant que le soleil a pris possession du ciel, devient très lourde. Quand on voit, au cinéma, dans Bullit pour ne pas nommer ce film, les courses poursuite dans les rues de San Francisco entre voitures de police toutes sirènes hurlantes et quelques individus plus ou moins louches qui s’enfuient à une vitesse nettement plus élevée que celle autorisée et qu’on voit les véhicules rebondir sur l’asphalte à chaque intersection, on peut se faire une idée du dénivelé qu’il y a entre deux pâtés de maison et, surtout, de la résistance des amortisseurs des dites voitures.

San_Francisco_cableNous décidons, pour notre première véritable ballade à travers la ville, de nous rendre vers le port, le wharf. C’est la partie de la ville que nous voyions du pont et il nous tarde maintenant de nous en approcher. Le départ se fera de Union Square en plein cœur de la ville et nous montons à bord d’un cable car. Nous avons pris un forfait trois jours valable pour tous les moyens de transports à l’intérieur de la ville. Un souvenir de plus. Les passagers en attente sont nombreux. Il faut dire que le wagon que l’on va prendre n’est pas bien grand et que la technologie si elle est efficace, n’est pas des plus moderne. C’est d’ailleurs tout ce qui fait le charme du cable car,  espèce de résurgence incongrue d’un passé révolu. Né il y a environ cent ans, les wagons sont tractés par un câble, d’où son nom, qui court au milieu de la rue tout au long de la ligne. Il faut toute la puissance et la dextérité du conducteur qui manie le frein (les pentes sont parfois véritablement impressionnantes) pour compléter le tableau. Ajouter à l’ensemble deux rails pour guider le tout, une cloche pour annoncer le départ et l’arrivée à chaque station, des grappes humaines accrochées sur les marchepieds à l’extérieur du wagon rouge se serrant quand un autre wagon arrive en sens inverse, et on aura une idée assez précise de la chose dans laquelle nous montons avec enthousiasme. Croire que ce mode de transport est archaïque et le considérer comme étant une vitrine touristique est une erreur. Le cable est en effet très utilisé par les autochtones et est, en fait, le mode de locomotion le plus rationnel et le plus sûr dans cette ville à la configuration abrupte et où les difficultés de stationnement sont immenses. Il n’est donc pas rare que se côtoient dans le cable, assis sur la même banquette, des quidams avec appareil photos en bandoulière ou attaché case à la main. Deux modes de vie pour un même transport.

San_Francisco_3La construction architecturale de San Francisco est identique à celle de toute les grandes villes américaines. Des transversales, des horizontales, des perpendiculaires, un camaïeu géométrique qui n’est pas sans charme. Ce qui fait l’originalité de San Francisco, ce sont ses rues bordées d’admirables maisons victoriennes aux façades peintes de tons pastels, bleu, vert, jaune. Nous en arpentons un certain nombre nous extasiant sur l’élégance très BCBG de ces maisons. Nous atteignons Lombard street, la rue la plus pentue, paraît-il, de San Francisco. Tellement pentue, qu’il a été nécessaire de créer des virages en lacet autour d’un jardin pour permettre aux voitures de l’emprunter, dans le sens de la descente, sans danger. Assez sidérant.

Nos pérégrinations nous amènent enfin sur le port. Beaucoup de monde, d’animation. Il fait beau. Il y a comme un petit côté balnéaire. Les gens se promènent décontractés allant d’une boutique à l’autre, d’un bistrot à un restaurant et nous leur emboîtons le pas. Là, un pirate, un bandana autour de la tête et trois magnifiques aras aux couleurs flamboyantes sur les épaules, fait un petit numéro avec pistolets à poudre et sabre à découper quiconque n’aime pas le rhum. Leur complicité est parfaite ce qui permet une bonne récolte de billets verts. Plus loin, un zonard réclame lui aussi quelques menues monnaies mais prévient tout de suite que leur usage sera non pas alimentaire mais destiné à son gosier assoiffé. Spectacle des ports, lieu de passage, lieu de rencontre, de départ. On est rarement déçus.

Dans la baie, à seulement quelques encablures de la côte, Alcatraz, prison célèbre par sa dureté et qui nous remet en mémoire quelques films fameux. Et puis, s’ébattant tranquillement dans le port qu’ils envahissent au désespoir des pêcheurs mais pour la plus grande joie des touristes, une colonie d’éléphants de mer, de loutres qui ont squattérisé plusieurs pontons destinés à l’amarrage des bateaux. C’est vraiment le bronzage intégral avec, de temps en temps, des plongeons nonchalants dans l’eau dans laquelle ils se laissent glisser avec délectation. Tout un spectacle que nous donne ces animaux curieux et attachants. En repartant du fisherman wharf, nous passons devant les étalages des restaurants et des petites échoppes où l’on peut déguster coupelles de crevettes, assiette de fruits de mer, hamburger à la chair de crabe. Tout cela est assez tentant mais, malheureusement, l’heure du déjeuner est déjà passée.

Nous reprenons le cable, décidément ce mode de transport nous plaît, pour nous diriger vers Chinatown. Dans la prononciation, il faut insister sur le aïe du i de china, c’est très important car cela fait accent américain et on se met un peu dans la peau de Jack Nicholson.

En attendant de remonter dans le cable, nous assistons au spectacle des employés faisant pivoter leur machine pour la remettre dans le bon sens en la poussant à la force de leur bras. Il ne sont pas trop de deux pour mettre en mouvement le wagon. Du manuel et de la gymnastique. Nous sommes loin de la technologie américaine mais cela passionne tout le monde.

Chinatown est situé un peu plus au Sud et très vite on sent que l’on entre dans un quartier différent. Il n’y a bientôt pratiquement plus rien d’américain. D’ailleurs sommes nous encore véritablement en Amérique. Le cadre nous en fait douter. Les caractères chinois fleurissent le long des façades. Des enfants sortent d’une école et cela pourrait être Hong Kong ou Pékin. Les buildings se font rares et voir une pagode n’est pas rare. L’odeur même de la ville change et se charge de la senteur des épices. Nous entrons dans quelques boutiques pour y retrouver tout ce que l’art asiatique peut produire. Inutile de dire que nous déambulons et nous plaisons à découvrir ou plutôt à redécouvrir ce que nous aimons tant et qui fait resurgir de notre mémoire le souvenir d’un précédent voyage.

Américains ou chinois, qui peut le dire ? La façade est puissante et omniprésente. L’esprit n’est-il pas pris par l’âme de cette terre fascinante qui a fait immigrer pour l’inconnu des milliers et des milliers de personnes en quête de rêves et d’espoir.

Après un détour par downtown et ses gratte-ciel vertigineux, quelque peu désertés en cette fin d’après-midi, nous retournons vers l’hôtel complètement épuisés par cette journée mais prêts à repartir. Notre deuxième soirée au restaurant, se fera encore à l’aide du guide. Ce sera un italien logiquement installé dans le quartier mexicain... Le transport  par tramway de fera sans problème. Il suffit simplement de compter le nombre de rues traversées et de vérifier leur numéro. Après il n’y a qu’à descendre et se mettre en quête du lieu. Le quartier est animé. Restaurants espagnols,  mexicains et italiens alternent. Le notre est plutôt branché rive gauche. Clientèle jeune, volubile, maîtresse des lieux un peu pompeuse et très design dans la manière de nous présenter ses plats. En fait ce sont des spaghettis, des tortellini et autre antipasti dans de très grandes et très belles assiettes. Un napolitain n’y retrouverait pas ses gnocchis. Mais cela ne fait rien. L’ambiance est bonne et nous sommes ravis. Demain, nous reviendrons voir ce quartier un peu chaud tant par sa réputation que par le sang des habitants qui le peuplent.

San_Francisco_phoque

Publicité
Publicité
Commentaires
Carnets de voyage
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité