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Carnets de voyage
16 septembre 2006

Dimanche 28 : Dernière matinée de marche, danse des masques, retour à Mopti

Comment, après cela, dire non aux jeunes gens du village qui essayent de nous vendre un de ces masques. Même s’ils ont l’air poussiéreux et peu anciens, ils sont néanmoins le symbole d’une très ancienne civilisation. On se laissera bien sûr tenter. Petit à petit, le long de notre périple, notre sac se remplit et nous en sommes très fiers. Cela signifie que nous sommes vraiment pris par cette expédition et que l’artisanat africain, extrêmement varié, nous comble.

Le départ du village est comme à l’accoutumée très sympathique et pour le groupe, c’est notre dernière matinée de marche. Christine, je pense, en est ravie. Il faut, cependant, repasser de l’autre côté de la falaise et donc refaire de la grimpette. Mais l’expérience des jours précédents commence à se faire sentir, car si le parcours est rude, notamment une formidable montée par un titanesque escalier en pierre, Christine sera beaucoup plus à l’aise, ayant, en effet, définitivement décidé de laisser les marcheurs aguerris prendre la tête du groupe puisqu'ils aiment cela et, elle, de suivre son propre rythme. Elle aura aussi un peu d'aides avec Boureima, notre jeune porteur, qui lui prend son appareil photo mais, aussi, d’un autre jeune garçon à qui elle a confié son sac à dos et qui lui tend la main dans les passages difficiles. Tout au long du parcours, Boureima, très timide, s’apprivoise peu à peu. Il n’a que 16 ans et ambitionne d’être guide comme son cousin Seydou. Il connaît tous les sentiers, tous les villages et espère également pouvoir retourner à l’école en 9° année. Il nous explique avoir été obligé d’arrêter l’année scolaire en cours, ayant du aller à Bamako se faire soigner d’une dysenterie, maladie gravissime dans ces contrées où n’existe aucun équipement médical digne de ce nom. Notre caravane au fil du chemin s’étoffe et nous sommes bientôt entourés de toute une cohorte d’enfants. C’est extraordinaire. Juste Alexandre, moi et les enfants et l’étrange sensation d’être en pays de connaissance, de ne plus vraiment être une étrangère mais d’avoir été adoptée par la magie d’un regard et d’un sourire échangés.

Arrivés au sommet, nous sommes récompensés par la vue d’un superbe paysage avec une route qui serpente le long des collines. De l’autre côté, c’est le Burkina Faso. Imagination et rêves sont au rendez-vous. A l’extrémité du plateau que nous traversons, il y a Sangha. La boucle du pays Dogon est bientôt terminée et, déjà, nous sommes accompagnés par un vendeur. Nous pensons à Vincent et, ainsi, nous faisons l’acquisition d’un lance-pierres dont le corps en bois sculpté prend la forme d’une femme africaine. Il est beau, original donc nous l’emportons. A Sangha, nous allons retrouver Mamadou et le minibus mais, surtout, des rafraîchissements. Convivialité autour d’un verre. Un régal.

Dogon_7Nous sommes dimanche et une surprise nous attend à notre arrivée. Nous devons aller admirer un spectacle rare donné en notre honneur, la danse des masques, rituel très important chez les Dogons à laquelle seuls les initiés ont droit de participer. On sait que, tous les soixante ans, a lieu une grande célébration, le Sigi, qui regroupe tous les masques « les mères des masques » et toutes les danses et au cours de laquelle seront initiés de nouveaux maîtres du Sigi. Les hommes nous emmènent loin du village, les femmes ne devant pas assister à ces danses exclusivement réservées aux hommes après leur initiation. Il est midi. La chaleur est écrasante et on s’impatiente un peu lorsque, soudain, surgissent les premiers danseurs. Ils ont revêtu les costumes traditionnels et couverts leurs visages des masques ancestraux qui ont chacun leur signification. Masque du lapin, masque oiseaux, masque du voleur. Certains sont décorés de coquillages, d’autres s’étirent vertigineusement vers le ciel. Ils dansent pour nous dans le soleil de midi dans une explosion de couleurs et de mouvements. Ils tournent, virevoltent, sautent au rythme des tambours qui battent inlassablement, poussant des cris gutturaux. Les mouvements deviennent de plus en plus rapides, frénétiques même. Comme une transe qui se serait emparée de ces corps noirs masqués ruisselants de sueur. Battements des pieds qui frappent le sol en cadence, ondulations corporelles, rythme endiablé nous fascinent et nous subjuguent comme si nous allions, nous aussi, nous exprimer avec la même intensité. Spectacle fantastique et inoubliable.

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