VENDREDI 21

Après les premiers achats, les premier coups de soleil sous le soleil de Guyane. Cela fera très rive gauche quand nous rentrerons en métropole !

En effet, matinée farniente au bord de la piscine. Mais avant cela, découverte du marché de Kourou, petit bourg , malgré ce que peuvent en dire les guides, au demeurant fort sympathique. Sur le marché, noirs, créoles, guyanais, métros, martiniquais, marseillais aussi, commerçants chinois et indonésiens se mêlent en une foule bigarrée et animée. Melting-pot guyanais. Un marché, comme nous en sommes friands, où odeurs et couleurs se mélangent en un bouquet qui ravit tous nos sens : poulets boucanés qui grillent, vaste échantillonnage de cuisine asiatique aux senteurs odorantes, monticules de fruits : petites bananes, ananas, mangues, maracudja jaunes, citrons verts, noix de coco. Des denrées locales, inconnues de nous, comme le waissai ou le combo, jus de palmier qui, aux dires de certaines personnes a une grande valeur énergétique. A boire donc pour accompagner tout effort physique ou pour se doper. Toutefois son aspect , espèce de liquide rougeâtre faisant penser à du sang, ne nous convainc pas vraiment... Tant pis, nous ferons sans... N’oublions pas les légumes : christopanes à la peau vert pâle, brins de mafrane, le manioc et le rouou, jus de tomate local. Les fleurs aussi, orchidées de toutes couleurs. Et puis tant d’autres choses dont nous ignorions jusqu'à l’existence.

En fait tous les marchés du monde ont ce côté sympathique et convivial où la décontraction est bien réelle et où les contacts sont toujours intéressants. Là où il y a un marché riche en couleurs, en odeurs, riche en bruits, il y a une âme qui se fait sentir. Il faut goûter cela, le respirer, l’aimer. C’est cela aussi le tourisme. Cette découverte en profondeur de ce qu’il y a de diffus dans un pays et qu’aucun guide ne pourra jamais décrire parfaitement, n’y encore faire partager.

Retour à la piscine surtout pour Camille qui va retrouver son « coeur ». Un coeur et tout s’oublie. A 15 ans, on découvre les prémisses de la liberté et de la solitude à travers quelques fragments que l’on choisit. En l’occurrence, pour Camille, ce sera la piscine qu’elle arpente de tous les côtés pour venir ensuite se prélasser au soleil sur le transat telle un iguane puis, nouveau départ pieds nus et sarong autour des reins vers la plage et ses cocotiers.

Plaisir des yeux de la regarder aller et venir ainsi.

Fin d’après-midi, nous sommes saturés de soleil et de chaleur. Direction la forêt, sa pénombre et sa très relative fraîcheur. Nous arpentons un sentier qui, à notre grand désespoir, n’arrête pas de grimper. Moiteur étouffante, sueur. Chaleur et humidité. Le moindre effort, ici, est source d’intense fatigue. Autour de nous, des arbres, immenses, aux racines non moins impressionnantes et aux formes tourmentées. Cris étranges d’oiseaux. Il fait très sombre et le soleil ne perce que très difficilement le feuillage. L’atmosphère est étrange, oppressante même. Un peu mystérieuse. Nous grimpons lentement. Soudain, le bruit furtif d’un glissement. Arrêt. Ce n’est ( !) qu’un serpent qui traverse notre chemin. Plus loin nouvel arrêt. Nous nous interrogeons sur les mouvements bizarres du feuillage qui s’agite en un mouvement rythmé. Un animal se serait-il caché là ou simple caprice d’un courant d’air ? Le mystère demeurera entier. Personne, en effet, n’osant s’aventurer hors du sentier pour voir ce qui se passe réellement. Il fait très chaud, très lourd. Quelques gouttes de pluie que nous accueillons avec joie n’arrivent toutefois pas à juguler cette moiteur qui nous étreint. Nous arrivons enfin au sommet de cette colline que nous avons gravi avec tant de peine. Nous somme récompensés de nos efforts par la très belle vue sur Kourou et l’océan qui s’offre à nos yeux. La descente sera, heureusement, beaucoup plus facile bien qu’abrupte.