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Carnets de voyage
14 septembre 2006

JEUDI 20

Réveil très tôt (nous y sommes maintenant habitués, ce n’est pas ici que nous ferons la grasse matinée) Il est 6h30. A Marseille, ce serait un crime, ici nous sommes tous, y compris les enfants, en pleine forme pour aller déjeuner.

pirogueDirection la pirogue et la crique Gabrielle. La crique c’est-à-dire la rivière. Nous fonçons, car ici les routes sont droites et  interminables. Un imprévu, conséquence de notre randonnée de la veille, nous oblige à stopper. Crevaison. Catastrophe. Pourtant avec l’équipe Redon-Coullet  en 5 minutes, monte en main, tout est réparé et nous pouvons repartir.

La crique Gabrielle est bien sûr au bout d’une piste où trous et ornières abondent. Nous nous sommes bien équipés : trousse médicale, vêtements de rechange, chaussures étanches et nous voilà partis sur la rivière en amont à bord d’une très longue pirogue, 10 mètres environ, une sorte d’anguille en quelque sorte conduite d’une main experte par un laotien, en Guyane c’est normal.

maraisTout de suite, le paysage est fabuleux. Nous sommes encadrés par une épaisse végétation : palétuviers aux multiples racines plongeant tels des doigts osseux  dans la vase pour s’agripper,  palétuviers « mouchoutis » aux longues et épaisses racines comme des tuyaux d’orgues ou des stalagmites,  cacaos sauvages qui laissent pendre leurs cocons certainement remplis de graines, immenses arbres dont l’identité nous est inconnue, submergés par les parasites végétaux que sont les orchidées. Voir d’ailleurs ces longues colonnes pigmentées ça et là de bouquets aux longues tiges  vertes est assez extraordinaire. Nous remontons lentement la crique heurtant parfois les arbres et les branches basses qui obstruent son cours, mais notre piroguier connaît bien la rivière et en déjoue adroitement les pièges. Immenses baobabs hérissés de centaines de flèches de bois, véritable bouquet, qui font déclencher l’appareil photo que tient Christine. Mais aussi larges et magnifiques bananiers, marigots qui s’en vont perpendiculairement à la rivière s’enfonçant dans la forêt et les marécages. Peut-être, elle aussi, possède-t-elle aussi une terrible envie de s’y aventurer et voir ce qu’il y a de plus sauvage et de plus vierge.

La rivière abonde de poissons et de caïmans  et elle est réputée pour ses morphos, ces grands papillons aux ailes d’un bleu phosphorescent. Mais nous ne les verrons pas. Peut-être ne fait-il pas assez chaud. Dommage !

Après  plus d’une heure de navigation, nous voici dans la vaste plaine marécageuse. Autour de nous, émergeant de l’eau, plantes aquatiques et arbres à demi immergés. La vue est impressionnante tant par son côté sauvage, que par son immensité où règne le silence troublé seulement par le cri des oiseaux. Sur une rive, plusieurs habitations au milieu des palmiers et des bananiers. L’endroit est enchanteur. Il semble désert mais doit accueillir quelque fois des esprits férus d’aventure et de solitude. Pourquoi pas ?

Demi-tour, vers notre campement à nous, une solide bâtisse de bois plantée au bord de la rivière. C’est là que nous nous restaurerons. L’accueil est discret mais chaleureux.

Déjeuner laotien. Vincent ne s’en plaint pas car il raffole des nems, Camille est plus réticente mais, finalement, aimera raviolis chinois et samozas . Quant à Christine, aucune hésitation pour le poulet au lait de coco dont elle se délectera et dont elle fera des compliments à la cuisinière. En vérité, même Vincent en a savouré les différentes senteurs. Côté culinaire, il progresse.

Rassasiés, ce n’est pas l’heure de la sieste même si cela nous tente de nous imbriquer tous les deux dans un hamac. Cela, après le côté aventure, serait devenu le côté plaisir mais  il  faut repartir vers une autre destination : la cascade de Fougassié. Cette fois, ce sera en aval, non plus sur un étroit et sinueux cours d’eau mais sur un long et large fleuve : le Mahuri. Nous avons l’impression de partir en expédition.  Là, la pirogue encore plus grande que toute à l’heure semble bien petite sur cette vaste étendue d’eau qu’est le fleuve.

Nous dépassons Roura, et apercevons un petit village indien aux petites maisons soit faites de tôles soit recouvertes de chanvre. Des femmes et des enfants se baignent dans les eaux limoneuses. La forêt est toujours plus ou moins habitée, peu importe les distances, car, le fleuve reste la meilleure voie de communication. Me revient en mémoire la piste de Sinamary, elle aussi jalonnée çà et là d’habitations avec élevage de bétail et de basse-cour, agriculture de subsistance. Le seul lien était cette piste au trois quart défoncée. Et pourtant ils vivent là, loin de tout.

Après un peu plus d’une heure de navigation, nous accostons, et rejoignons, à pieds, les cascades, but de notre expédition. Une eau claire qui tombe bruyamment des rochers nous invite à la douche ou, plutôt, au massage aquatique. Se mettre sous la cascade est un véritable plaisir pour nous, même s’il faut se tenir fermement afin de ne pas être emporté par la force de l’eau. Le seul moyen de respirer un peu est de passer sous la cascade et de se presser le long de la paroi de pierre. L’eau est délicieuse. Dommage que l’on ne soit pas entièrement nus. L’eau continue de nous tomber dessus, mais, cette fois, c’est la pluie qui prend le relais, une pluie persistante et même cinglante qui nous accompagnera tout au long du retour sur la pirogue.

Il faut imaginer le spectacle. Camille à l’avant du bateau, enveloppée d’une serviette de bain aux couleurs criardes avec son chapeau balinais enfoncé sur la tête qu’elle a enfouie entre ses genoux. Vincent, prés de moi, sa casquette de base-ball qui lui fait office de parapluie enveloppé, lui aussi d’une serviette, seul vêtement qui le protège. Derrière moi, Christine dans son imperméable en plastique bleu transparent que lui a prêté notre piroguier, recroquevillée et se faisant toute petite. Et, enfin, Alexandre, chapeau panama détrempé sur la tête courbé dans le sens de la pluie et trempé jusqu’aux os. Curieux spectacle. Mais la pluie est tiède. Nous nous laissons emporter par le flot de ce fleuve à l’immensité impressionnante.

C’est ainsi que nous arriverons tous à notre point de départ, stupéfaction ! A l’embarcadère, l’eau est montée d’au moins 40 ou 50 cm. C’est dire l’importance de la pluie que nous avons du affronter. Il n’y a plus qu’à se passer des vêtements secs et à repartir, ravis.

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